C’était un rêve ! Et comme nous commencions notre périple chinois par Pékin, il était inconcevable de ne pas faire un stop à la Grande Muraille de Chine. Mais voilà, plein d’agences vous proposent de vous emmener sur des parties très touristiques de la muraille. On pense notamment à Badaling ou encore Mutianyu. Du coup, on s’est fixé un petit challenge : trouver un endroit tranquille pour crapahuter sur la muraille ! On vous explique tout.
Merci la Hongrie !
Au départ, nous n’avions pas vraiment étudié la question. On avait encore le temps et on verrait ça quand on arriverait à Pékin. Mais lors de notre dernière soirée dans notre auberge à Osaka, nous avons bien sympathisé avec un Hongrois qui arrivait juste de Chine. Il nous a donné pas mal de bon plans et astuces (et aussi la fin de sa carte sim prépayée) qui ont retenu notre attention. Il est possible de visiter la Grande Muraille de Chine sur une partie restaurée, sans être dérangés par les touristes. Mais où est-ce ??? A Huanghuacheng (黄花城), un petit village au pied d’un lac artificiel créé par le barrage.
Début de la galère…
En arrivant en Chine, on ne savait pas trop à quoi s’attendre en matière de transports en commun. En cherchant un peu sur les forums et blogs, on a trouvé comment se rendre à Huanghuacheng. Il « suffit » de prendre 2 bus locaux. Le premier, le bus 916, se prend à la station de Dongzhimen à Pékin et vous dépose à environ 40km, à Huairou. Il faut ensuite enchaîner sur le bus H21, qui finit le parcours jusqu’au village.
Première étape : le bus 916
Trouver le bon bus et arriver à acheter un ticket se révèle déjà être un petit défi. Nous sommes partis tôt de notre auberge pour arriver à la gare de bus en début de matinée. On savait qu’il fallait bien 2h pour rejoindre notre destination, du coup à 8h on était au taquet dans la station.
Il faut d’abord trouver le quai du bus 916, qui vous emmène à Huairou (怀柔区). Il faut aller tout au fond de la gare et remonter une allée sur la droite. De là, prévoyez de la monnaie avec vous car il faut faire l’appoint dans une petite boîte à l’entrée du bus. Le ticket coûte, de mémoire, 12 RMB par personne (1,7€). Donc après avoir cassé un billet, nous avons finalement réussi à embarquer dans le bus 916.
Mais où faut-il descendre pour enchaîner avec le bus suivant ? On trouve un panneau avec l’itinéraire, mais pas de chance, il est écrit uniquement en Chinois, comme 90% des panneaux dans ce pays ! On utilise la bonne vieille technique de comparaison des signes chinois. Il suffit de retrouver sur le panneau l’équivalent de celui qu’on a en photo. Easy ! On arrive à déchiffrer le nom de l’arrêt où nous devons descendre et de là, il n’y a plus qu’à compter les arrêts pour être sûrs de ne pas manquer le bon.
Yiha, on a réussi ! A peine descendus du bus, on se fait accoster par des chauffeurs de taxi qui veulent nous conduire à la grande muraille. Preuve qu’on est sur la bonne route ! Cela mériterait presque une danse de la joie… 🙂
Deuxième étape : le bus H21
Nous sommes donc à la recherche du bus suivant : le fameux H21 ! On a monté, descendu, remonté et redescendu la rue sur laquelle il devait se trouver, sans jamais voir d’arrêt avec ce numéro, ni même de bus numéroté H21.
Contrairement aux bus 916 et autres, ce bus n’a pas le numéro écrit en numérique, en haut de son pare brise et sur les côtés. Mais ça, nous le découvrirons plus tard. Les H21, 22, etc. ont des petits écriteaux en papier posés sur le tableau de bord. Facile à trouver du coup !
Donc on a bien cherché, et ne trouvant rien au bout d’1/2 heure, même avec l’application Maps.me, et même en essayant de communiquer avec les chinois, nous avons cédé à l’appel d’un chauffeur de taxi qui nous proposait de nous emmener à destination. Il n’avait rien d’un taxi, c’était quitte ou double. Après négociations, il a proposé de nous conduire au village pour 100 RMB (14€) à deux. Bon, on n’a pas vraiment le choix de toute façon. Il reste plus de 30km à parcourir et on ne va pas rester à Huairou toute la journée.
Donc on monte dans sa voiture. Monsieur a checké la route sur son téléphone pendant le trajet pour être sûr qu’on allait dans la bonne direction. Et bonne pioche ! Le chauffeur nous a déposé à l’entrée du village.
Donc certes, on aurait dû payer une dizaine de RMB par personne dans le H21, mais ne l’ayant pas trouvé, on était quand même contents d’arriver à destination !
Balade autour du lac
Après vous être acquittés du droit d’entrée dans le parc (environ 45 RMB par personne, soit 6,4€), vous pourrez commencer à admirer la Grande Muraille et profiter du lac. On a trouvé un plan qui vous présente un peu le site.
Histoire de nous mettre en jambes et de profiter un peu des paysages absolument fantastiques, on vous recommande vivement de faire la balade autour du lac avant de grimper. On avait prévu le pique nique. Du coup on a pu faire une pause face à la grande muraille, au bord de l’eau du lac gelée. C’était juste top ! Et jusque là, si on a croisé une douzaine de touristes, c’est le grand maximum.
Huanghuacheng doit être une station balnéaire l’été pour les touristes chinois car au milieu du parcours, il y a une sorte d’embarcadère pour bateau, des pédalos et un terrain de camping dans un jardin de châtaigners (qui date de la dynastie Ming apparemment). Pas grand monde pour le moment, si ce n’est une école, qui doit faire une sortie pédagogique.
Au bout d’un moment, à force de marcher au pied de la muraille, mais sans parvenir à y monter, on s’est quand même demandé si on était au bon endroit. On a même douté et pensé qu’en fait, si ça se trouvait, on était à un endroit où on ne pouvait pas marcher sur la Grande Muraille de Chine. Petit coup au moral alors qu’on est si près… mais heureusement un mars et ça repart (plutôt un Snickers dans le cas présent) ! 🙂
Les escaliers et puis…
Il me semblait quand même avoir vu une espèce d’arche au niveau des terrains de camping. Peut-être l’entrée sur la Grande Muraille, qui sait ? Demi-tour au pas de course donc pour rejoindre ce portail, et bingo ! On tombe sur le petit chemin menant aux escaliers ! A partir de là, on a le coeur beaucoup plus léger. La Grande Muraille de Chine est bien indiquée à environ 300m. Impossible de se tromper à partir de maintenant.
L’ascension démarre. Vous démarrez à l’endroit où la muraille a été engloutie sous l’eau du lac. On voit d’ailleurs les pierres sour l’eau gelée et la partie non restaurée remonter sur la montage en face de nous. Sachez que les marches sont toutes de taille et de hauteur différentes. Sans dire qu’il faut une bonne condition physique pour monter, préparez-vous à transpirer et embarquez de l’eau avec vous !
On passe une première tour de garde et déjà la vue est magnifique. Le chemin continue sur la gauche, il est donc possible de marcher encore plus loin sur la muraille. Top, on continue ! Et toujours pas de touristes en vue. On marche sur ce mur chargé d’histoire, à la fois admiratifs de la restauration impeccable sur la partie où nous sommes, et impressionnés par l’état délabré dans lequel se trouve la partie de l’autre côté du lac.
Il est possible de monter jusqu’à une deuxième tour de garde. Là, nous avons rencontré 3 touristes allemands, qui comme nous profitent de la vue. C’est vraiment magnifique, même en cette période hivernale. La muraille serpente sur ls montagnes à perte de vue…
Nous avons mis un peu moins d’1/2h, en prenant notre temps et en faisant des photos, pour atteindre le point culminant de la partie sur laquelle nous pouvions marcher. Une fois là haut, il n’y a rien d’autre à faire qu’admirer la vue. Et quelle vue ! On en reste encore bouche bée en y repensant !
I’ll be back !
Il est déjà presque 14h et donc temps de redescendre pour amorcer notre retour sur Pékin. Cette fois, on va trouver ce maudit bus H21 pour rentrer !
On prend notre temps pour retourner au village, admirant les montagnes prendre des couleurs différentes au fur et à mesure de l’avancée de la journée. La muraille, même non restaurée est très impressionnante. Il est possible de marcher un peu dessus, mais nous n’avons pas le temps de nous y perdre.
Une fois de retour au point de départ, nous trouvons l’arrêt de bus H21. Rien n’est écrit, mais notre application nous le positionne ici, en plein milieu d’un parking. En posant la question à une petite mamie qui vend des bracelets artisanaux à côté, elle nous dit que c’est ici et qu’il faut attendre 45 minutes pour le prochain bus. Le tout en chinois ! Mais on se comprend grâce au langage des signes. 😉
Au bout de 40 minutes d’attente, on espère que c’est le bon endroit, car s’il n’y a qu’un bus par heure, le dernier étant à 18h, il faudra trouver une autre solution pour rentrer. Finalement, à 15h45, on voit débouler en trombe sur le parking, un bus, avec un petit panneau H21 ! Youpi ! On monte dedans. Le retour nous coûtera finalement 9 RMB chacun (1,3€), un peu plus que ce que nous avions vu sur internet mais pas grave.
Une heure plus tard, nous voici de retour à Huairou. On reconnaît l’endroit où on s’était arrêtés le matin. Notre chauffeur s’arrête un peu où l’on veut. On tombe à pique, car le bus 916 approche dans notre dos. Comme on veut l’avoir, on sprinte jusqu’à l’arrêt, cette fois bien indiqué par un panneau « 916 ». Les locaux nous voient passer en courant ce qui les fait sourire. Mais nous arrivons à temps pour monter dans le bus, rempli d’écoliers qui rentrent chez eux. Le bus nous repose à la station de Dongzhimen une fois arrivés sur Pékin. Attention, le retour ne s’effectue pas du même côté que le départ. Il faut retraverser toute la gare de bus pour ressortir du côté du métro.
Une fois de retour à notre auberge, nous racontons notre aventure à notre colloc’ de dortoir malaysien. On lui avait proposé de venir avec nous pour la journée, vu qu’il souhaitait lui aussi visiter la grande muraille. Finalement, on se dit presque qu’il a bien fait de ne pas venir. Il nous aurait sans doute pris pour des fous à partir comme ça à l’aventure.
En conclusion de cette journée, nous retenons de la Grande Muraille de Chine que :
- la journée nous a coûté 256 RMB, soit un peu plus de 35€ à deux. C’est plus que si on avait réussi à trouver le bus au départ, mais beaucoup moins que ce que vous proposent les agences pour aller dans des spots bien plus touristiques
- oui, il est possible de voir la Grande Muraille de Chine sans touristes, du moins au mois de Mars. Nous en avons croisé maximum une vingtaine dans tout le parc
- le bus H21 existe bel et bien. L’arrêt à Huairou était en fait dans une rue perpendiculaire à celle où nous étions
- le village de Huanghuacheng doit être plus sympa en période estivale. Tout était fermé lors de notre passage.
- il est plus simple d’écrire le nom de votre destination en chinois sur un papier à l’avance pour vous faire aider si besoin. Nous l’avons appliqué par la suite et cela nous a bien aidé.
- on ne regrette absolument pas notre journée, au contraire. Celle-ci nous a permis de réaliser un rêve : marcher sur la Grande Muraille de Chine, l’une des 7 « nouvelles » merveilles du monde ! 🙂