Après avoir annoncé notre départ, nous avons eu droit à pas mal de questions de la part de nos familles, amis, collègues, etc. Nous nous sommes vite rendu compte qu’il s’agissait globalement toujours des mêmes interrogations, et bien souvent tournées sur la question financière. On vous présente donc les 5 questions auxquelles nous avons été confrontés et nos réponses, afin de démystifier le voyage longue durée.
1. Comment allez-vous faire avec votre travail ?
Cette question concerne peut-être plus la génération de nos parents qui a cette culture du “CDI = Saint Graal”. Or ce schéma ne s’applique plus forcément à notre génération. La mort à petit feu du CDI, les CDD qu’on enchaîne, le développement de l’auto-entrepreneuriat, sont autant de facteurs qui incitent les gens à voir leur “carrière” différemment, avec une quête de l’épanouissement personnel prioritaire sur le travail. Attention, on invente rien sur ce constat, il suffit de lire les nombreux articles (inter)nationaux sur le sujet.
Nous concernant, nous avons négocié nos départs respectifs de nos entreprises. Une négociation, c’est plus ou moins facile ; c’est un véritable ascenseur émotionnel et un énorme jeu de pouvoirs. Comment arriver à du gagnant / gagnant avec votre employeur qui n’a pas d’intérêt à vous garder si vous ne voulez pas rester, mais qui n’en a rien à faire que vous souhaitiez partir ? Nous avons réussi à négocier un départ qui nous permet de bénéficier de l’Aide au Retour à l’Emploi (ARE), ou l’Aide aux Chômeurs Créateurs ou Repreneurs d’une Entreprise (ACCRE) dans le cas de Monsieur.
Il existe bien d’autres possibilités pour voyager sur une longue période : la mise en disponibilité (public), le congé sabbatique (privé), la démission pure et simple, le congé sans solde, etc. Tour du mondiste a réalisé un petit sondage d’ailleurs pour voir comment les gens géraient le “départ” de leur job.
2. Comment allez-vous retrouver du travail après ?
Cette question arrive généralement juste après la première. Alors pour Monsieur, la réponse est plutôt simple, puisque son activité commence à prendre. Il espère donc pouvoir continuer ainsi à notre retour.
Me concernant, je vais voir en fonction de cette année. Si mon activité d’auto-entrepreneur marche et arrive à me dégager un salaire décent, je me garde la possibilité de continuer ainsi. Sinon, au retour, je m’activerais pour retrouver un emploi dans le secteur privé, tout en bénéficiant de mon ARE si besoin. Et puis un an de tour du monde est une expérience enrichissante, qui permet de mieux “se vendre” sur le marché de l’emploi au retour. Gestion de budget, ouverture d’esprit, bilingue anglais, autonomie, etc. sont autant d’atouts qui pourront être valorisés. Et qui sait, peut-être aurais-je d’autres envies, complètement différentes à mon retour ?
3. Comment allez-vous financer votre voyage ?
On arrive maintenant aux questions d’ordre financier. Comment allons-nous donc nous payer un an de voyage ? Grâce à nos économies pardi ! On travaille tous les deux depuis notre sortie d’études. On a donc réussi à épargner un peu avec notre “première expérience” professionnelle de 5 ans.
Et puis on a quitté Lyon l’été dernier pour la maison familiale dans les Gorges de la Loire, également dans un souci d’économie. C’est certain qu’économiser un loyer lyonnais tous les mois, ça aide !
On a également réussi à vendre quelques meubles ou appareils high-tech pour gagner un peu d’argent et alimenter le budget voyage.
Enfin, on va quand même bien se débrouiller pour travailler un peu en voyageant. De nombreuses plateformes telles que Freelancer.com existent pour faciliter les collaborations entre clients et freelances.
4. Quel budget avez-vous prévu ?
Un voyage d’un an nécessite un petit budget, c’est certain. Les différents articles que nous avons lu s’accordent sur un budget moyen de 10 à 13 000 €.
Après tout dépend de votre niveau d’exigence et de confort. C’est certain que si vous prévoyez de voyager en business class et de dormir dans des hôtels 4 étoiles tous les jours, il va vous falloir une petite rallonge. Mais si comme nous, vous partez en sac à dos en classe économique et prévoyez de dormir en hôtel, auberge, b&b, voire chez l’habitant, ce budget est tout à fait tenable.
Nous n’avons pas de gros poste de dépense en équipement puisque nous avions déjà acheté pas mal de choses lors de nos précédents voyages. Et puis Noël est l’occasion de parfaire notre panoplie de parfaits globe-trotters.
Il faudra que nous restions cependant vigilants sur les activités et sorties que nous allons nous organiser. C’est le principal risque de dérapage. Nous avons donc prévu volontairement un peu plus pour couvrir tous nos frais.
Et histoire de nous prémunir contre tout problème, on se réserve une petite enveloppe de secours qui nous permettra de nous payer un billet d’avion pour rentrer en urgence en France si besoin.
Donc, en tout, nous partons avec un budget de 20 000 € max par personne pour 1 an complet. Ramené au coût de la vie quotidienne en France, ce n’est pas bien plus cher.
Petite parenthèse : nous réfléchissons actuellement sur une application mobile spéciale Digital Nomads qui permettrait une gestion quotidienne de son budget et avec quelques modules communautaires complémentaires. On vous en parlera un peu plus quand le projet sera “on tracks” comme on dit. 🙂
5. Comment allez-vous faire si ça se passe mal ?
C’est le type de questions auxquelles on n’a pas de réponse si ce n’est pourquoi ça se passerait mal ? On s’est déjà demandé quel serait le pire scénario qui pourrait nous arriver. Dans tous les cas, nous savons que nous pourrons rentrer en France.
Si un pays ne nous plaît pas ? On avancera notre départ pour la destination suivante, et inversement, si on est bien et qu’on veut rester plus longtemps.
Si on ne s’entend plus ? Arf, nous ne nous entretuerons pas non plus hein ! On a déjà voyagé ensemble, on se connaît bien et on se dit qu’on y arrivera. Il faut rester un peu optimiste dans la vie, sinon on se met des barrières avant même d’avoir essayé et on ne fait jamais rien.
En conclusion, on notera que les questions de l’itinéraire et de la durée du voyage n’arrivent qu’après ces 5 questions. Preuve que la situation professionnelle et financière est un véritable enjeu dans notre société, encore plus en ce moment de crise. Nous le comprenons, même si nous avons décidé de casser un peu ces « codes » et de profiter de notre vie maintenant, tant que nous sommes en bonne santé, que nous n’avons pas de crédit à rembourser, pas d’enfant à élever. Et qui sait, nous n’aurons peut-être pas de retraite donc pourquoi attendre ? Nos parents, amis, collègues, etc comprennent notre position, nous soutiennent dans notre projet et in fine arrivent à la même conclusion que nous, “allez-y, vous avez raison !”.
Ce qui nous fait sourire en fin de discussion ? Le petit “c’est bien, vous avez du courage de faire ça quand même.” Je vous rassure, on n’a pas rigolé tous les jours et on a bien réfléchi avant de sauter le pas. Il arrive juste un moment de déclic, où vous vous dites “allez je me lance”. La suite, on vous en parlera dans un an…