Nous vous avons laissé à Yogyakarta, à notre montée dans le bus pour notre trek de 3 jours sur les volcans Bromo et Kawa Ijen. Nous vous embarquons pour 3 jours d’aventure, entre contemplation, émerveillement et désenchantement…
Lever de soleil sur le Bromo
Notre première journée se passe principalement dans le mini-bus, avec nos compagnons de voyage allemands, français, américains et anglais. Nous arrivons à la tombée de la nuit dans un village à côté du volcan Bromo. On ne voit pas grand chose vu qu’il fait nuit, mais on a hâte de voir ce que cela donnera demain. On prend tous possession de nos chambres, rustiques mais ok pour une nuit, et allons vite au lit car le réveil va piquer demain. Le chauffeur de notre jeep nous récupère à 3h pour rejoindre le pied du point de vue pour le lever de soleil. Le rendez-vous est pris !
Réveil à 2h45 donc. Le froid extérieur nous rappelle vite que nous sommes en altitude et qu’il faut s’équiper si on ne veut pas ressembler à des esquimaux lorsque le soleil pointera le bout de son nez. Thermiques, pantalons, gants, bonnets et écharpes. Nous sommes parés.
Panorama sur le volcan depuis le mont Penanjakan
Nous prenons la route avec un couple d’Allemands jusqu’à la sortie du village, où il y a un énorme bouchon de jeeps. Nous ne sommes pas seuls… Il y a une sorte de « péage » dont on doit s’acquitter et qui permet d’entrer dans le parc du volcan. En gros, c’est soit vous avez payé votre entrée dans le parc et vous pouvez passer, soit vous devez payer maintenant, ce qui prend donc du temps.
Après plus d’1/2 heure d’attente, nous passons enfin la barrière et prenons la route du point de vue. Notre chauffeur nous laisse à mi-parcours sur le mont Penanjakan et nous grimpons le reste pour trouver le meilleur spot pour le lever de soleil. Il est 5h. Le soleil ne va pas se montrer avant une bonne grosse demi-heure. On attend donc en sautillant pour ne pas avoir froid. Qu’on se le dise, on n’est pas tout seuls là-haut… Touristes, vendeurs de café, thé ou gants, il y a un peu de monde !
Vers 5h45, le soleil commence à se lever et le ciel se dégage pour laisser apparaître le volcan en contrebas. Entouré de brume, l’ambiance est magique ! Le spectacle commence… On profite du lever de soleil. Lorsque celui-ci passe enfin au-dessus des montagnes, on sent tout de suite une vague de chaleur sur nos vêtements, ce qui est plus qu’agréable. La brume se dissipe petit à petit dans la vallée et la fumée blanche s’échappe du cratère du Bromo. Surréaliste ! On retourne à notre voiture, ravis de cette première expérience. Cette journée démarre bien mieux que la précédente ! 😉
Ascension du cratère
Notre jeep nous emmène maintenant au pied du cratère, sur la caldeira, une plaine de cendres désertique, qui fait penser à un paysage tout droit sorti de Mad Max. Nous marchons pour rejoindre la base du cratère et grimper sur le bord de ce-dernier. Un « business » s’est mis en place ici, au milieu de nulle part. Les Indonésiens vous proposent de vous emmener au pied des escaliers à cheval ou en moto. Vous avez également des stands de boissons et de snacks. On commence à comprendre que l’industrie touristique est très bien rodée dans le pays. On passe d’abord à côté d’un temple, avant d’entamer une série d’escaliers pour rejoindre le sommet du cratère. Et c’est là que nous prenons conscience de l’endroit où nous sommes.
On entend un grondement venus tout droit des entrailles de la terre. La fumée qui s’échappe du cratère laisse peu de place au doute. Oui, Bromo est réveillé et actif ! On arrive à voir un tout petit peu de lave au fin fond du cratère. C’est là que nous prenons conscience que nous ne sommes vraiment rien comparé à cette force de la nature. Cela reste un moment inoubliable où nous entendons et ressentons la terre vivre sous nos pieds. Incroyable !
Quelques Indonésiens jouent avec leur vie en installant de grandes bâches en plastique sur la pente du cratère, essayant de récupérer les offrandes (argent, fleurs, etc.) lancées par les touristes dans le cratère pour se porter bonheur. Petite précision d’ailleurs, beaucoup de touristes sont locaux. Les Indonésiens sont les premiers à visiter leur pays.
Après ce moment de contemplation et d’impuissance totale, nous redescendons à notre voiture pour retourner à l’hôtel. On a juste le temps de déjeuner, de prendre une douche (froide) avant de reprendre la route pour aller en direction du Kawa Ijen. Oui c’est le jeu avec ce genre de tours. Vous passez beaucoup de temps dans les transports et « rusher » un peu, afin de tout voir en un minimum de temps. Nous reconnaissons avoir choisi la facilité, car pas envie de négocier pendant des heures pour faire les trajets et l’ascension par nous-même. Comme on le disait plus haut, l’industrie touristique est bien huilée ici et on préfère vous mettre des batons dans les roues si vous essayez de faire par vous-même. Nous n’avons donc pas négocié et nous préparons pour reprendre la route. L’expérience du volcan Bromo reste tout de même unique et très impressionnante !
L’impressionnant Kawa Ijen
Nous arrivons en fin de journée dans un nouvel « hôtel ». La nuit s’annonce très courte. Notre guide nous demande en effet d’être prêt pour partir à 1h du matin, si on veut profiter du spectacle des « flammes bleues ». Nous partageons donc un repas tous ensemble et à 19h, tout le monde est au lit !
Le réveil à 00h45 le 3ème jour est encore plus difficile. On aurait presque mieux fait de ne pas se coucher. Il pleut quand nous quittons l’hôtel avec nos affaires et notre petit déjeuner sous le bras. Petite surprise : il pleut également dans notre mini-bus… 😉
On prend nos ponchos de pluie et c’est parti pour une grosse heure de marche afin d’atteindre le sommet du cratère. Avec la pluie, certains bataillent plus que d’autres. Beaucoup de personnes ne portent que des tongs et glissent sur la pente et dans la boue. On poursuit notre ascension jusqu’au sommet, puis commençons la descente dans le cratère, de nuit. C’est parfois un peu tendu vu que les pierres glissent et qu’on n’a pas une super visibilité. Le port du masque pour éviter les vapeurs de soufre complète la panoplie des aventuriers du dimanche.
On arrive au coeur du cratère vers 4h du matin. On profite du très beau spectacle qu’offrent les flammes bleues. Ces flammes sont en fait le résultat de la combustion du soufre. Il est préférable de venir pendant la nuit pour les voir car le spectacle est d’autant plus magique. On en profite donc un moment, parfois complètement noyés dans un nuage de soufre qui nous pique la gorge et les yeux. Heureusement que nous portons les masques, car l’air est irrespirable et sent l’oeuf pourri !
Au bout d’une heure et parce que nous commençons à être trempés et avoir vraiment froid, notre guide nous conduit de l’autre côté, au pied du lac d’acide. Il s’agit du deuxième lac le plus acide au monde. Nous n’avons donc pas tenté d’y mettre l’orteil, par peur de ne voir ressortir qu’un os…
C’est là que nous voyons les mineurs de soufre au travail. Ces hommes sont incroyables et très courageux. Muscles saillants, visages marqués, pieds nus pour certains, ils récoltent le soufre à la source, sous forme de blocs jaunes et le remontent par le même chemin que celui que nous avons emprunté pour descendre. Ils portent jusqu’à 100kg sur leur épaule, équilibrés dans deux paniers en osier. Les garçons du groupe tentent de soulever un panier, qui n’est pas encore plein, mais n’arrivent pas à le décoller du sol. Ces hommes sont admirables… et affreusement mal payés. Ils gagnent l’équivalent de 0,05€ par kilo récolté (900 roupies indonésiennes). On vous laisse faire le calcul, mais il faut qu’ils remontent pas mal de soufre pour vivre. Ils descendent 2 à 3 fois par jour dans le cratère. Certains sculptent des morceaux de soufre en forme de fleurs et d’animaux pour se faire un peu plus d’argent. Le soufre est utilisé par des entreprises chinoises qui en font des cosmétiques, médicaments, pesticides, etc. #whorulestheworld
Nous avons des remords à entretenir cette industrie touristique créée autour de ces hommes qui vivent de la mine. La visite est très intéressante, mais cela nous met aussi face aux contradictions de notre monde. Nous, riches Occidentaux qui avons les moyens de voyager, devant ces gens, qui eux n’ont pas le choix que de risquer leur santé et leur vie pour faire vivre leurs familles. C’est une expérience vraiment marquante que nous vivons pour ce dernier jour.
Comme il pleut toujours et que nous n’arriverons pas à voir de lever de soleil aujourd’hui, nous remontons sur le sommet du cratère pour redescendre ensuite jusqu’à notre bus. Nous sommes vraiment trempés et sentons l’oeuf pourri en arrivant. Nous décidons donc d’enfiler des habits secs pour le trajet jusqu’au ferry. Petite surprise, les sacs ont pris l’eau pendant notre absence. Heureusement nous avions les housses de pluie, mais d’autres personnes ont leurs affaires trempées. Une fois au chaud, nous pouvons attaquer le petit déjeuner, constitué… d’oeufs durs ! 🙂
Ces 3 jours sur les volcans de l’île de Java touchent à leur fin. Nous arrivons maintenant au port de Ketapang pour prendre le ferry qui va nous permettre de rejoindre Gilimanuk, sur l’île de Bali. Après quelques couacs d’organisation, des chauffeurs pas vraiment honnêtes et peu scrupuleux, nous arrivons enfin à Ubud, où nous prévoyons de nous reposer pour les jours à venir. Récit de nos aventures à suivre prochainement !