Comment survivre à un trek sur le Rinjani en Indonésie ?

trek sur le volcan Rinjani sur l'île de Lombok en Indonésie

A peine le temps de nous remettre de nos émotions sur les volcans de l’île de Java, que nous rempilons avec le trek le plus dur de tout le voyage (et ce n’est pas peu dire). Direction le sommet du volcan Rinjani sur l’île de Lombok ! Autant souffrir tout de suite, pour aller ensuite nous reposer sur les îles Gili juste à côté… En voilà une idée qu’elle est stupide bonne !

 

La réservation du trek

Autant commencer par les choses les plus compliquées dès le départ. Oui, contrairement à ce que l’on pourrait croire, grimper sur un volcan est moins difficile que de négocier un package 3 jours / 2 nuits sur le volcan avec des Indonésiens ! On trouve la perle rare à Ubud, avec un package, certes un peu plus cher que les autres, mais qui comprend tout : le speed boat pour Lombok, le transfert jusqu’à l’auberge pour la nuit avant le trek, les 3 jours de marche (repas, tentes et duvets fournis) et le transfert retour où l’on veut. En gros, on n’a que nos petits sacs à dos à prendre avec nous, remplis d’habits chauds.

Bon à savoir, le port de Padang Bai impose un péage depuis quelques mois. Les habitants ne vous laissent donc pas embarquer si vous ne vous acquittez pas de cette « taxe », totalement arbitraire. Notre package tout compris ne comprend pas ce péage, mais on arrive à négocier ça avec l’agence.

Nous sommes pris en charge dès notre arrivée à Lombok. C’est en charette tirée par un âne, puis en voiture avec un Allemand, que nous faisons la route vers l’auberge située au village de Senaru. Soirée tranquille où l’on rencontre les quatre autre binômes qui composent notre groupe et Udji qui sera notre guide pour ces trois jours.

Surprise au réveil : une araignée, grosse comme une main, décide de venir faire copain alors que nous nous préparons. Non pas que nous n’aimions pas Maïtika ! Mais lorsque sa petite soeur sort au coin de la fenêtre, nous prenons nos affaires et décidons de ne pas remettre les pieds dans cette chambre. Un petit déjeuner dans le ventre plus tard, nous montons dans la remorque d’un pick-up direction le point de départ de la marche à environ 1h de route (tortueuse).

 

Premier jour : easy peasy

Après nous être enregistrés à l’entrée du parc, nous empruntons le chemin et démarrons l’aventure. L’excitation étant bien présente, l’allure est plutôt rapide. Je commence déjà à me dire qu’à ce rythme, je ne donne pas cher de ma peau ce soir… On arrive finalement à trouver un rythme qui convient à tout le monde. Précisons que nous avons une trekkeuse autrichienne quasi professionnelle et un ancien skieur professionnel belge dans le groupe. L’Autrichienne nous abandonne d’ailleurs rapidement car elle se fatigue plus à nous attendre qu’à marcher. Plutôt high level les gars, quand nous on peut simplement dire qu’on a fait 6 mois de squash en mode amateurs ! 😉

La première partie du chemin est relativement facile avec un peu de faux plat montant. Cela permet d’avoir une magnifique vue sur le volcan qui nous attend… C’est après le repas qu’on attaque les choses sérieuses. On a démarré la randonnée à environ 1500 mètres d’altitude et nous devons rejoindre le camp de base à 2 600m. Il faut donc bien monter à un moment ou un autre. #CQFD

vue sur le Rinjani depuis le début du trek, sur l'île de Lombok, en indonésie

 

La montée est raide mais praticable, même si elle se corse à mi-chemin. Au bout de 2h, nous n’en voyons pas le bout. Udji nous a annoncé environ 4h de marche. C’est long, très long… Mais nous sommes soulagés de sortir enfin des bois au bout de 3h30 sur cette montée infernale. Les porteurs de nos affaires sont déjà arrivés et en train d’installer le campement. On reprend notre souffle devant le paysage magnifique qui s’offre à nous. Nous allons avoir droit à un superbe coucher de soleil. Nos porteurs sont ennuyés car le plus jeune d’entre eux, n’est toujours pas arrivé et il porte la dernière tente et les appareils pour faire à manger. C’est son premier trek en tant que porteur et le pauvre arrive épuisé. Notre guide Udji, ancien porteur également, a dû redescendre récupérer son « chargement » pour arriver plus rapidement. Nous n’avons vraiment pas à nous plaindre de n’avoir que nos petits sacs à porter…

vue depuis le 1er camp de base sur le trek du Rinjani, sur lîle de Lombok en Indonésie

camp de base sur le trek du Rinjani sur l'île de Lombok en Indonésie

 

Une fois le soleil couché, le vent et le froid se font rapidement sentir. Chaque binôme rentre dans sa tente. On se réchauffe dans nos duvets en essayant de remettre en place les sardines de la tente qui se décrochent à cause du vent. Le repas est un délice et bienvenu pour nous réchauffer avant d’aller nous coucher. La nuit s’annonce courte puisque nous devons décoller à 2h30 demain matin pour attaquer le sommet.

 

Deuxième jour : comment repousser ses limites ?

La nuit est très agitée car il fait vraiment froid, même dans les duvets. On est somnolents quand Udji vient taper à notre tente avec un thé, avant de partir. Nous mettons toutes les couches que nous pouvons et entamons l’ascension du Rinjani, éclairés par nos seules frontales.

C’est très bizarre car malgré le nombre important de touristes qui grimpent, on se sent vraiment seuls, dans notre bulle, concentrés sur nos pas et notre respiration haletante. La première montée annonce la couleur puisque nous grimpons sur un tapis de cendres/cailloux. Nous faisons un pas en avant, quand nous en faisons deux en arrière. Dur pour les jambes et la tête, mais on arrive sur la crête, entourée de chaque côté par le vide.

Nous attaquons alors la deuxième partie, soumis aux vents glaciaux et toujours dans la nuit noire. On sent que l’effort devient plus difficile car de plus en plus de personnes font des pauses sur les côtés, en cherchant à s’abriter derrière des rochers.

La troisième et dernière partie est la plus difficile et a raison de moi. On marche encore un moment, repoussant nos limites toujours loin. On s’arrête à 200 mètres du sommet, car je craque littéralement. Tanpis, nous ne ferons pas notre petite photo avec la pancarte « Rinjani, 3 700m d’altitude ». Mes jambes n’avancent plus. Je m’effondre en pleurs. Monsieur aurait pu continuer et arriver au sommet pour le lever de soleil, mais il préfère rester avec moi car nous avons perdu Udji et il ne veut pas me laisser seule. Nous nous abritons sous la couverture de survie (très bon investissement !) et décidons d’attendre le lever de soleil ici, à moitié protégés du vent. Ce dernier est toujours aussi fort et froid, malgré l’horizon qui commence à s’éclaircir et nous gelons sur place.

lever de soleil sur le Rinjani sur lîle de Lombok en Indonésie

détresse sur mon visage sur l'ascension du Rinjani sur l'île de Lombok en Indonésie

 

Nous entamons donc la redescente un peu plus tôt que prévu et profitons d’un superbe lever de soleil sur la crête et complètement seuls. Finalement, nous sommes récompensés par la beauté des paysages qui se dévoilent devant nous. Le lac dans le cratère en bas nous rappelle que le trek est encore loin d’être terminé.

ascension du volcan Rinjani sur l'île de Lombok en Indonésie

vue sur le cratère depuis le sommet du volcan Rinjani sur l'île de Lombok en Indonésie

 

Nous redescendons tranquillement au camp de base et avons la surprise de croiser des singes. Monsieur aurait bien pris des photos, mais l’un d’entre eux ayant commencé à montrer les crocs, nous n’avons pas demandé notre reste et avons continué. Arrivés au camp, nous retrouvons les deux Français de notre groupe qui ont préféré ne pas monter. On se réchauffe au soleil en attendant les autres pour le déjeuner. Quel plaisir d’avoir des pancakes tout chauds ! 😉

Après être montés à 3 500 mètres, puis redescendu à 2 600m, il est maintenant temps de descendre à 2 000m au bord du lac dans le cratère, pour ensuite remonter de l’autre côté à 2 600m pour rejoindre notre deuxième camp de base. Nous rangeons tout le barda et nos porteurs partent devant nous. Ils sont incroyables car ils n’ont pas l’air plus fatigués que ça, quand nous, nous sommes au bout de nos vies à cause de l’effort que l’on vient de fournir et celui qui nous attend encore.

descente au bord du lac dans le cratère du volcan Rinjani sur l'île de Lombok en Indonésie

lac dans le cratère du volcan Rinjani sur l'île de Lombok en Indonésie

 

La pause déjeuner se fait un peu avant le lac, qui est en fait une véritable poubelle à ciel ouvert. Le développement du tourisme n’a pas que des effets positifs sur la région malheureusement. On a encore droit à un très bon repas, avant d’aller nous détendre un petit moment dans les sources d’eau chaude juste à côté. C’est un vrai plaisir de plonger les jambes dans cette eau naturellement chauffée par l’activité du volcan. Juste ce qu’il fallait à tout le monde pour repartir en forme.

sources d'eau chaude à côté du lac au volcan Rinjanin, sur l'île de Lombok en Indonésie

sources d'eau chaude à côté du lac au volcan Rinjanin, sur l'île de Lombok en Indonésie

 

Nous n’avons donc pas peur d’affronter les 600m de montée qui nous attendent… enfin jusqu’à la première série d’escaliers. On a la chance d’avoir un groupe très sympa, où la bonne humeur est de mise. Cela aide tout le monde à avancer et arriver juste avant le coucher de soleil au deuxième camp. Nous sommes au-dessus des nuages et le soleil doré illumine la montagne, ce qui récompense largement nos efforts du jour. Il en faut peu pour être heureux comme dirait Baloo ! On ne demande pas notre reste ce soir et tout le monde s’emmitoufle dans son duvet une fois la nuit tombée, afin de trouver le sommeil.

coucher de soleil sur le 2ème camp de base du trek sur le volcan Rinjani sur l'île de Lombok, en Indonésie

 

Troisième et dernier jour : « quand est-ce qu’on arrive ? »

La nuit est encore une fois bien agitée car encore plus froide que la précédente. Heureusement, ce matin on peut se lever en même temps que le soleil et se réchauffer rapidement grâce aux premiers rayons. Cette dernière journée va être difficile. On a beau s’étirer, les muscles sont raides et douloureux.

lever de soleil sur le trek du Rinjani sur l'île de Lombok en Indonésie

 

On vous rassure, ils se remettent rapidement en marche quand on prend le chemin pour descendre. L’échéance de l’arrivée, 1 000m plus bas motive tout le monde. On ne court pas mais on a un bon rythme, à tel point qu’on rattrape un groupe de mecs body buildés qui font le chemin en courant. Udji rigole et nous dit qu’on n’est quand même pas bien rapides. #désillusion

On partage un dernier repas avec notre groupe et nos porteurs, juste avant l’arrivée au village. Cela nous rappelle que nous vivons également une très belle aventure humaine, en plus d’un challenge physique. Udji nous accompagne jusqu’au point de rencontre à l’entrée de Senaru. Petit moment de pur bonheur une fois arrivés : nous partageons une bière bien méritée avec nos compagnons de galère. C’est là qu’on couple de Français nous interpelle en nous demandant si nous ne sommes pas blogueurs. On leur parle de Blog-Packers, alors ils sourient et nous disent qu’ils nous suivent depuis le début de nos aventures. Cool ! On est bien contents de discuter un petit moment avec eux, qui font également un tour du monde. PS : si vous suivez toujours nos aventures, on vous passe le bonjour ! 😉

arrivée du trek sur le volcan du Rinjani sur l'île de Lombok, en Indonésie

 

Voilà donc que ces trois jours d’aventure inoubliable prennent fin. Nous sommes fiers de nous, même si nous ne sommes pas arrivés au sommet du Rinjani. Ce trek est une belle leçon de dépassement de soi. On est très contents de l’avoir fait avec les personnes de notre groupe qui sont tout simplement géniales. Maintenant, bateau direction Gili Air pour ne rien faire, si ce n’est bronzer au bord de la plage ou d’une piscine ! A bientôt !